Les agriculteurs en attente de la prime verte pour optimiser leur empreinte carbone
EN BREF
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Les agriculteurs, bien que motivés à améliorer leur bilan carbone, rencontrent des difficultés à monétiser leurs efforts en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES). Malgré les initiatives en cours pour calculer les bilans carbone et proposer des pistes d’amélioration, les paiements incitatifs restent encore absents. Le Québec a fixé des objectifs de réduction des émissions pour 2030, mais la pression sur les producteurs pour adopter des pratiques respectueuses de l’environnement n’est pas encore ressentie sur le terrain. Des projets, tels que celui de Sollio Agriculture, visent à développer des modèles d’affaires pour permettre aux agriculteurs de tirer profit de leurs efforts en matière de séquestration de carbone. Cependant, la transition vers des pratiques agricoles durables reste en suspens, les agriculteurs attendant toujours des incitations financières tangibles.
Les agriculteurs, nombreux à s’engager dans la voie de l’agriculture durable, attendent avec impatience le déploiement de la prime verte, qui promet de récompenser leurs efforts en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES). Ce dispositif pourrait leur permettre d’optimiser leur empreinte carbone tout en répondant aux exigences croissantes des marchés agroalimentaires directs. Pourtant, malgré leur volonté manifeste de participer à cette transition écologique, de nombreux producteurs se heurtent à des obstacles qui freinent leur capacité à capitaliser sur leurs actions. Cet article explore les enjeux liés à la mise en place de la prime verte et l’impact que cela pourrait avoir sur le secteur agricole.
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ToggleLe secteur agricole face à l’urgence climatique
La nécessité d’agir pour limiter le réchauffement climatique n’a jamais été aussi pressante. Dans les faits, le secteur agricole représente environ 10 % des émissions de GES au Québec, reflet d’une réalité inquiétante qui interpelle tous les acteurs de cette industrie. Chaque jour qui passe sans que des mesures concrètes soient mises en place équivaut à une aggravation de la situation. Les agriculteurs, véritables sentinelles de notre environnement, en sont pleinement conscients et souhaitent intensifier leurs efforts pour améliorer leur bilan carbone.
Pour certains, comme Christian Grenier, producteur de porcs dans la région de la Capitale-Nationale, l’enjeu est simple : « Vu l’urgence climatique, il faut rapidement arrêter d’envoyer du carbone dans l’air et plutôt le stocker dans le sol. » Malheureusement, même les plus engagés d’entre eux peinent à trouver des débouchés financiers pour leurs efforts de réduction. Le modèle économique actuel ne valorise pas encore ces efforts, laissant les agriculteurs dans une situation délicate.
Un potentiel inexploité
Malgré le déploiement de diverses initiatives visant à valoriser les efforts en faveur du climat, beaucoup d’agriculteurs demeurent dans l’expectative. Bien que des bilans carbone soient calculés et des suggestions d’amélioration soient proposées, l’absence d’un cadre monétaire structuré complique la situation. Maude Fournier-Farley, directrice à Sollio Agriculture, renchérit en déclarant : « En ce moment, c’est la folie, mais c’est encore très peu encadré, sinon pas encadré du tout. » Ce manque d’encadrement freine les agriculteurs dans leur élan pour réduire leurs émissions.
Le potentiel inexploité du secteur est pourtant immense, comme le montre la stagnation des émissions de GES depuis deux décennies. Pour aller de l’avant, il est impératif d’identifier les composantes majeures de ces émissions : la digestion des animaux, la gestion des fumiers et l’état des sols. La lutte contre le CO2 nécessite une approche en deux volets : d’une part, réduire les émissions directement, et d’autre part, favoriser la séquestration de carbone.
Les objectifs du gouvernement
Le gouvernement du Québec a fixé des objectifs clairs : d’ici 2030, il vise une réduction de 5 % des émissions des sols en culture et de 6 % des émissions liées au méthane des élevages, par rapport aux chiffres de 2017. Ces cibles, bien que moins ambitieuses comparées à celles retenues pour l’ensemble de l’économie, représentent un premier pas vers une agriculture plus verte. Cependant, les acteurs du terrain doivent se préparer à des exigences croissantes de la part des transformateurs, dont beaucoup se sont engagés envers des pratiques plus durables.
Pascal Viens, éleveur laitier en Estrie, souligne l’absence de pression immédiate sur le terrain : « On ne sent pas encore cette pression-là sur le plancher des vaches. » Les agriculteurs sont conscients que ces réductions de GES sont essentielles, mais ils attendent que les centrales d’achats leur communiquent une réelle volonté de récompenser leurs efforts en matière de durabilité.
Les modèles d’affaires en émergence
Face à cette impasse, des initiatives novatrices émergent. Chez Sollio, une volonté de développer des modèles d’affaires adaptés aux réalités des producteurs voit le jour. Le projet AgroCarbone Grandes Cultures est emblématique de cette tendance. Son objectif : proposer aux agriculteurs des procédures simplifiées pour transformer leur engagement écologique en valeur économique tangible.
Les agriculteurs doivent ainsi décider s’ils souhaitent créer des crédits carbone pour vendre à des tiers, appelés « offsetting », ou réserver ceux-ci aux entreprises agroalimentaires qui achètent leurs produits, connu sous le terme « insetting ». Ces choix stratégiques doivent s’accompagner de pratiques agricoles intelligentes, telles que l’implantation de cultures pérennes ou l’adoption de l’agroforesterie.
Vers une transition coût nul
Alors que les agriculteurs sont souvent exclus des systèmes de tarification du carbone, des possibilités de revenus supplémentaires se dessinent à travers la création de crédits carbone. Cela pourrait leur permettre de compenser les émissions générées par d’autres secteurs industriels, offrant ainsi une avenue pour mieux rentabiliser leurs efforts en matière d’environnement.
Selon plusieurs experts, il est tout à fait possible d’atteindre des réductions significatives des GES à coût nul. Sylvestre Delmotte, consultant en agroenvironnement, indique qu’il existe une multitude de pratiques agricoles capables d’encourager un bilan carbone positif sans nécessiter des démarches administratives complexes. « Je crois fondamentalement qu’il y a des choses qu’on peut faire à court terme pour améliorer les bilans carbone sans devoir monnayer les réductions avec des crédits », insiste-t-il.
Les nouvelles perspectives de financement
Des structures sont envisagées pour soutenir les agriculteurs désireux de s’engager dans cette voie. Sollio et la Coop Carbone cherchent à obtenir du financement public pour réaliser des projets visant à générer des crédits compensatoires. La mise sur pied d’un marché volontaire, où des entreprises comme IBM et Shopify pourraient compenser leurs propres émissions, représente une autre opportunité pour les producteurs. D’ailleurs, la recherche active de subventions par le biais de programmes fédéraux pourrait faciliter cette transition.
Il est important de souligner que dans la bataille pour une agriculture durable, la recherche de partenaires prêts à investir dans cette transition est primordiale. Les subventions gouvernementales pourraient permettre aux agriculteurs de se concentrer sur leurs pratiques agronomiques tout en recevant un soutien financier. Cet alignement de la volonté politique et de la réalité sur le terrain sera déterminant pour le succès de l’initiative.
Les défis de la mise en œuvre
Malgré ces avancées, le parcours des agriculteurs est semé d’embûches. C’est un fait que l’absence de structures et de mécanismes clairs, surtout en matière de tarification du carbone, empêche une majorité de producteurs d’accéder aux bénéfices potentiels de la prime verte. Dans des contextes où le manque de communication entre acheteurs et agriculteurs est manifeste, l’incertitude demeure le maître mot.
Les représentants du secteur plaident pour une rationalisation et une mise en cohérence des différentes initiatives existantes. Les producteurs doivent être équipés et informés des bénéfices réels de leur engagement en matière de durabilité, afin de transformer leurs efforts en résultats concrets.
Les agriculteurs parviennent à se mobiliser autour des enjeux environnementaux en faisant preuve d’innovation et de résilience. Cependant, pour que la transition vers une agriculture durable prenne véritablement son essor, il est essentiel d’implémenter un système structuré et rémunérateur pour valoriser leurs efforts. La prime verte pourrait servir de levier décisif pour permettre aux agriculteurs non seulement d’améliorer leur empreinte carbone, mais aussi d’assurer la pérennité de leurs exploitations face aux défis climatiques croissants.
Les Agriculteurs en Attente de la Prime Verte
La transition vers des pratiques agricoles durables est un enjeu crucial, mais de nombreux agriculteurs se heurtent à un obstacle majeur : l’absence de rémunération pour les efforts fournis. Dans une époque où l’urgence climatique est de mise, les producteurs se retrouvent souvent dans l’attente de la prime verte, censée les soutenir financièrement dans l’amélioration de leur bilan carbone.
Christian Grenier, un producteur de porcs de L’Ange-Gardien, ne cache pas sa frustration. Il affirme : « La nécessité d’agir est là, il est impératif d’arrêter d’envoyer du carbone dans l’atmosphère et de commencer à le stocker dans nos sols. Pourtant, mes efforts pour améliorer mes pratiques ne sont pas encore reconnus financièrement. » Malheureusement, le climat actuel des affaires dans le secteur agroalimentaire ne permet pas de valoriser ces efforts, ce qu’il considère comme une lacune majeure.
De son côté, Maude Fournier-Farley, de Sollio Agriculture, souligne que plusieurs projets innovants sont en cours. « Pourtant, même si nous voyons des bilans carbone calculés et des suggestions d’amélioration, les paiements restent flous. Les agriculteurs ont besoin d’un cadre solide qui leur permette de bénéficier des efforts qu’ils déploient », explique-t-elle.
Les défis sont d’autant plus importants que les émissions de gaz à effet de serre provenant de l’agriculture au Québec surpassent celles du secteur du bâtiment. Les agriculteurs savent désormais qu’ils doivent réduire ces émissions, mais peu d’entre eux se sentent soutenus dans cette démarche. Pascal Viens, un éleveur laitier de l’Estrie, témoigne : « Même si j’améliore ma gestion pour offrir un lait à faible empreinte carbone, je n’ai pas encore reçu de prime verte. Cependant, je reste positif quant à l’avenir. »
Renaud Péloquin, un producteur de grandes cultures, partage un sentiment similaire. Il observe que « l’industrie n’a pas encore clairement communiqué sur les avantages financiers liés à la réduction des émissions. Ainsi, nous, les producteurs, nous restons dans l’incertitude. » Malgré les efforts fournis pour optimiser leurs pratiques tout en améliorant la santé de leurs sols, il déplore l’absence de reconnaissance financière.
Dans ce contexte, les agriculteurs se tournent vers des initiatives telles que le projet AgroCarbone, qui vise à établir des modèles d’affaires leur permettant de compenser leurs efforts en matière de réduction des GES par la création de crédits carbone. Cependant, cette transition attend son véritable coup d’envoi et bon nombre de producteurs espèrent un cadre plus structuré dans les prochaines années, pour enfin récolter les fruits de leur engagement.
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